
Maintenant que nous comprenons mieux la définition de chacun de ces termes et que nous avons pu commencer à déterminer où nous nous situons dans les différents domaines de notre vie, nous allons pouvoir voir comment le contrôle, la rigidité, la maîtrise et la structure interne s’articulent dans nos existences et d’où elles viennent.
Comment s’articule le contrôle, la structure interne et la maîtrise
Voici quelques archétypes de fonctionnement de ces différentes manières de fonctionner.
Le cas idéal
Des éducateurs bien équilibrés ne seront ni dans le contrôle, ni dans le lâcher-prise avec un enfant. Ils lui apprendront à développer sa propre structure interne qui lui permettra de s’élever en totale autonomie vers son objectif. Grâce à eux, il apprendra la différence entre une structure souple, un lâcher prise et un laisser-être en totale confiance et de la rigidité.
Grâce à sa structure interne, il pourra développer de la maîtrise et devenir son propre maître. Chacun des parties de son être travailleront à matérialiser ce qu’il veut vraiment. Même en cas de déséquilibre, il pourra, grâce à ses capacités, se rééquilibrer rapidement et facilement.
Il pourra devenir exactement ce qu’il veut, sans être conformé par les exigences et les injonctions de la société, mais aussi sans imposer (devenir un dictateur) aux autres sa vision ou leur imposer quoi que se soit.
Ce cas idéal est hélas rarement atteint. Il se passe plus généralement les possibilités suivantes :
Le cas du contrôlant
Contraints par leurs peurs, leurs blessures et leurs injonctions, les éducateurs essaient de contrôler l’enfant afin qu’il agisse comme ils le souhaitent, soi disant pour son bien.
Eux-mêmes ayant souffert de ce schéma, ils n’arrivent que rarement à en prendre conscience et en sortir, même s’ils en ont souffert. Ce n’est donc pas dirigé contre l’enfant, ils font de leur mieux avec les outils qu’ils ont à disposition.
Au lieu de développer sa structure interne et sa maîtrise, cet enfant développera du contrôle et/ou de la rigidité. Il croira à tort que c’est ainsi qu’il se protègera de ce monde dangereux. Il fera ainsi perdurer les blessures et les injonctions de ses éducateurs, souvent en croyant faire l’inverse (en général, vouloir faire l’inverse de ce que faisait ses parents est un signe qu’on reste dans le même contrôle qu’ils avaient).
Cela va former un adulte contrôlant et/ou rigide qui pourra à son tour élevé des enfants contrôlants et/ou rigides…
Le cas du jemenfoutisme
Il arrive que des enfants ayant subis le contrôle de leurs parents décident de s’en affranchir en se détachant de tout. Ils rejettent alors toute forme de contrôle ou de discipline. Ce rejet est tel qu’il se transforme souvent en rigidité : ils s’obligent alors à faire l’inverse de ce que feraient leurs parents.
Ils ont généralement de la difficulté à réussir selon les critères de la société, surtout parce qu’ils ne supportent plus tout types de contraintes. Il est en effet presque impossible de garder un travail ou de faire vivre une entreprise sans accepter de contraintes.
Si ces personnes ont des enfants sans changer, leurs enfants risquent d’être également dans le jemenfoutisme ou de développer du contrôle dans le but de se rassurer (avoir des parents dans le lâcher-prise total est, en général, très angoissant). Le cycle de transmission familial est ainsi assuré. C’est ainsi qu’on passe souvent d’un extrême à l’autre au cours des générations.
Le cas de la rigidité
Les éducateurs rigides ont des effets très variables sur les enfants. Leur rigidité peut en faire des accompagnateurs trop présents ou à l’inverse très absents. Cependant, même dans le premier cas, la rigidité les empêche de bien s’occuper de leur éducation. La rigidité pousse en effet à rester égocentré au lieu de s’occuper vraiment de l’autre. Les personnes très rigides sont aussi souvent affectées par des maladies dues à leur rigidité. Elles peuvent limiter leurs capacités à aider un enfant à se développer.
La plupart des enfants développent une rigidité semblables à celles de leurs éducateurs, même si certains préfèrent décrocher vers le lâcher-prise de tout. Ils refusent alors toutes contraintes, surtout leurs propres contraintes envers eux-mêmes.
Très peu ont l’occasion de créer une belle structure interne et de la maîtrise sous l’instruction d’éducateurs rigides. S’ils sont généralement plus équilibrés que les enfants de parents contrôlants, ils ont quand même généralement une habitude de jugements très durs envers eux-mêmes qui les empêchent d’être heureux.
Les cas mixtes
Il arrive souvent que les éducateurs principaux ne soient pas dans les mêmes catégories. Par exemple, on rencontre des parents où l’un est contrôlant et l’autre a complètement lâché prise. L’enfant se retrouve ainsi pris entre eux, à se demander à qui il donnera sa loyauté. On trouve aussi parfois le mélange entre un contrôlant et un rigide.
Dans ce cadre, soit l’enfant suivra le modèle du parent duquel il se sent le plus proches, soit il aura plusieurs sous-personnalité entre lesquels il naviguera. Il sera par exemple extrêmement contrôlant dans certains domaines et se laissera complètement aller dans d’autres.
La réalité de nos vies
La réalité est bien souvent plus compliquées que ces descriptions archétypales. Cependant, elles permettent de comprendre la base de la manière dont ces différentes habitudes de transmettent de génération en génération.
Nous sommes très rarement au même niveau dans les différents aspects de nos vies. Une personne peut, par exemple, avoir une excellente structure interne dans son travail et être dans le contrôle dans sa famille.
Dans le milieu de la spiritualité, beaucoup de personnes ont une bonne structure dans leur méditation, pas mal de maîtrise dans leur chemin spirituel tout en étant dans un lâcher-prise total dans le matériel, voir dans une rigidité sur le fait que l’argent soit une énergie opposée à la spiritualité.
Il est donc important de regarder en conscience tous les aspects de sa vie afin de voir où nous nous trouvons dans chacun.
L’évolution

Nous ne sommes bien évidemment jamais coincés dans une approche. Nous pouvons très bien décider de sortir du contrôle et de la rigidité en acquérant une structure interne et la maîtrise de qui nous sommes. Cela permet de lâcher prise des enjeux tout en reprenant la vraie direction de sa vie.
Le chemin, pour y arriver, est plus ou moins sinueux mais quand on avance et qu’on transcende les différentes injonctions pour se rapprocher de soi-même, l’expérience est incroyable et la paix interne engendrée par la suite vaut largement le travail fait.
A l’inverse, certains traumatismes peuvent nous précipiter dans le contrôle ou la rigidité afin de nous protéger. Par exemple, une personne a été cambriolée fait en général tout pour protéger son domicile tout en étant toujours angoissée que ça arrive à nouveau. Elle se sentira donc constamment angoissée et le contrôle qu’elle aura beau mettre en place n’arrangera en rien la situation.
Pour pouvoir commencer le chemin vers soi-même, il nous faut travailler sur notre structure et notre maîtrise internes. Meilleures sont notre structure interne et notre maîtrise, moins nous serons affectés négativement par les traumatismes que nous traversons.
Comment aller vers l’expérience que nous voulons vivre ?
Le premier élément est de prendre conscience de ce que nous voulons vraiment et de notre responsabilité par rapport à ce que nous matérialisons. Tant que nous conservons des excuses pour expliquer ce qui nous arrive, nous ne reprendrons jamais le pouvoir de changer nos vies.
Ce n’est pas évident de repérer et se défaire de ces aspect, car chacun a son moyen de protection élaborée. Mais quand on en arrive d’en avoir marre d’en avoir marre ( 😉 ), de rester paralysé et recroquevillé sur nous-mêmes – la peur et la douleur se nourrissant des événements que nous matérialisons sur notre route – nous faisons alors les premiers pas nous menant vers notre centre.
Le contrôle : l’extérieur nous empêche de changer
Le contrôle étant tourné vers l’extérieur, il détourne généralement notre attention sur les autres au lieu de nous permettre de revenir à nous-même, à notre pouvoir personnel. Nous ne pourrons changer que quand nos enfants, nos parents, notre conjoint, notre patron, nos amis, la société, etc. auront changé. Nous sommes forcés de rester dans le contrôle à cause des autres et de leurs comportements envers nous.
Le contrôle nous donne une illusion de protection, y compris de nous même. On peut donc dire qu’il ne nous fait pas confiance. Comme il est souvent en place depuis des années, il s’est fondu dans le paysage. Cela signifie qu’on ne le repère plus car c’est comme s’il faisait partie de nous. Comme des lunettes qu’on ne sent plus à force de les porter, on ne sent plus ses effets dans notre vie et il modifie notre façon de voir le monde.
Pour le repérer, il est souvent important de commencer par chercher tous les moments où nous accusons l’extérieur d’un problème, nous en servant comme excuse pour ne pas changer. Si on est en colère contre un collègue car il n’a pas bien fait son travail, on dit qu’on est énervé car il n’a pas bien fait les choses alors qu’en réalité, c’est tout simplement qu’il ne les a pas fait comme on voudrait qu’elles soient faites.
Dans un premier temps, notre réflexe est de nier notre responsabilité, dire que c’est juste la faute de l’autre. En nous positionnant en victime, nous croyons nous sentir mieux et dans notre bon droit mais pourtant la situation se répète et cela devient vite insupportable ! Il est primordial d’accepter sa responsabilité afin de pouvoir changer son état interne, changer ainsi la réalité de son monde.
Une fois qu’on a repéré ce type d’excuses, on peut remonter jusqu’à la source du contrôle. Par exemple, si je dis ne pas pouvoir changer tant que ma compagne ne change pas, je peux me demander pourquoi de manière successive jusqu’à arriver à une raison personnelle, comme parce que j’ai peur du changement.
Pourquoi je ne peux pas changer tant que ma compagne ne change pas ?
Parce que je ne vois pas pourquoi je devrais faire des efforts et pas elle.
Pourquoi je ne devrais pas faire des efforts si elle n’en fait pas ?
Parce que sinon ce ne serait pas juste !
etc.
On peut alors comprendre que cette émotion ou ce blocage remet en cause notre contrôle dans ce domaine. En nettoyant ce blocage, nous pouvons alors nous libérer du besoin de contrôle, en tout cas pour ce point-là.
La rigidité : on ne peut rien y faire
La rigidité est beaucoup plus facile à repérer que le contrôle. La plupart des personnes rigides savent qu’elles le sont. Son moyen de défense se situe plus dans le fait de ne pas pouvoir changer ce qui se passe, dans une forme de fatalisme.
Comme le contrôle, notre part rigide n’a pas confiance dans nos capacités. Elle décide donc de rester en place afin de nous protéger. Avec les années de vie, la rigidité devient très forte. Elle a la main mise sur énormément de nos automatismes.
Si nous essayons d’affronter la rigidité avec ses propres armes, nous n’avons alors aucune chance de gagner. Voilà pourquoi la combattre, essayer de mettre de la souplesse de force dans nos vies n’a aucune chance de fonctionner. Le plus efficace est de mettre en place une structure interne plus souple en parallèle. Une fois que notre partie rigide se rendra compte qu’elle n’a plus d’utilité, elle s’effacera naturellement. Mais jusque-là, il faudra bien conserver notre structure interne car sinon la part rigide trouvera l’occasion d’encore mieux s’implanter et de nous rabaisser, nous faisant croire que nous avons besoin d’elle.
Par exemple, si ma rigidité me pousse à manger extrêmement peu pour ne pas prendre de poids quitte à avoir des carences, me forcer à manger plus n’a aucune chance de réussir sur le long terme. Par contre, si je mets en place quotidiennement une alimentation saine, régulière et variée, en prenant conscience des bienfaits sur mon corps, la part rigide aura de moins en moins de prise sur cet aspect de notre vie et nous oublierons tout simplement qu’à un moment, nous avions besoin d’être rigide.
Le lâcher prise intégrale : à quoi bon
Si lâcher prise du contrôle peut être une bonne chose, c’est bien souvent une fuite. La plupart des personnes qui sont dans le lâcher prise sont des contrôlants ou des rigides qui n’ont pas trouvé d’autre moyen de changer leur manière de fonctionner que de (croire) tout lâcher.
Les personnes, dans ce cas-là, ont conscience de leur état, du moins en partie. Cependant, ils se croient incapables d’en sortir. Ils ont souvent encore moins confiance en eux. Ils se sentent trop nuls pour changer. Il faut dire qu’ils ont souvent fait de gros efforts pour sortir du contrôle ou de la rigidité pour en arriver à un état presque pire. Beaucoup sont arrivés à un stade où ils se demandent le sens de faire des efforts pour s’en sortir.
Se sortir de cet état demande d’abord de regagner l’envie d’évoluer et la confiance. Pour cela, il est important de réapprendre à rêver de ce que l’on veut vivre.
Ensuite seulement, on pourra commencer à se mettre en mouvement pour mettre en place une structure. Il s’agit d’un des rares cas où il est important de se forcer un peu quitte à se montrer rigide pour un moment afin de mettre en place une structure.
Par exemple, si je suis un peu déprimé et n’ai envie de rien faire, je peux mettre de la structure temporelle dans ma vie : me forcer à faire les choses (se doucher, manger, dormir, etc.) à des heures précises. En seulement quelques jours, cela permet généralement de se sortir de son état dépressif et d’avancer.
Acquérir de la maîtrise
Une autre manière de transformer rapidement nos vies sans devoir analyser chacun de nos comportements est de gagner de la maîtrise. Cela permet de gagner rapidement en confiance et ainsi de dépasser toutes les limites que nous nous posons pour vivre ce que nous voulons vraiment.
Dans la troisième partie, nous vous montrerons certaines techniques pour transcender de manière rapide et efficace le contrôle, la discipline et le lâcher-prise.
Et vous quelles sont vos stratégies pour vous défaire de votre côté contrôlant ou rigide ? Dites-le nous dans les commentaires 🙂 cela nous permettra à tous de se sentir moins seul et bizarre ;-p
Amicalement vôtre,
Wanderer & Bhân