Troisième mois du Raja Yoga : la structure interne

Nous allons continuer notre plongée dans le Raja Yoga avec de nouveaux exercices et comportement à installer dans sa vie. Au fur et à mesure des mois, nous allons aller de plus en plus en profondeur dans la technique d’unité avec le divin.

Le mois précédent, nous avons déjà bien avancé grâce à la notion du contentement et à la respiration. Nous allons maintenant ajouter de la structure interne et de la discipline tranquille pour rendre le travail plus efficace.

Retour d’expérience du premier stade

Parmis les règles du premier mois, la non-violence et la pureté ont été difficiles à maintenir.

La non-violence dans le yoga

D’ordinaire, je suis plutôt quelqu’un de non-violent, je pensais donc que ce serait facile pour moi de maintenir ce point. Mais la première fois qu’une mouche s’est posée, puis reposée et posée encore sur ma peau salée, j’ai eu l’instinct de la tuer pour m’en débarasser.

Et que dire du moustique ou du taon qui nous tourne autour ? Ou de la tique ? Faut-il vraiment se laisser piquer sans réagir ? Dans l’absolu, un yogini est au-dessus de ces considérations et tellement non-attaché qu’un bouton ne le dérangera pas. Mais qu’en est-il à notre niveau ?

J’ai aussi expérimenté le composte sur le balcon de ma mère grouillant de vers… Comment équilibrer la qualité de notre vie et notre désir d’union avec le divin ?

Il existe autant de réponse que de personne pouvant les donner. Le principe général que nous avons choisi est que nous protéger est primordial. Si un insecte, un animal, une plante ou un humain cherche à nous piquer ou envahir de manière trop intrusive notre espace, nous avons le droit de prendre des mesures. Bien sûr, en commençant par essayer de le chasser avant de le tuer.

Il s’agit sans doute d’une vision qui fera réagir beaucoup de personnes sur le chemin du Yoga, surtout celles qui refusent même d’écraser un insecte en marchant. Je pense que l’essentiel est d’être bien avec vous même. Si tuer une tique ne vous semble pas compatible avec votre vision du yoga, alors ne le faites pas.

La pureté

La pureté physique n’est pas trop compliquée à tenir, même si selon les endroits on n’a pas toujours à disposition de l’huile pour se nettoyer la bouche. Il s’agit surtout d’une habitude à prendre.

Par contre, la pureté des pensées et des émotions est autrement plus difficile à tenir. Surtout en période de canicule, sans doute causée par les activités humaines et de guerre. Les actions et réactions des personnes poussent vite à tomber dans le drama et à avoir des pensées et des émotions remplies de jugement et de violence.

Maintenir un niveau de pureté élevé est très difficile dans le monde. C’est dans doute la raison pour laquelle la plupart des personnes qui entreprennent un chemin spirituel important s’isolent de la société pendant des mois, des années ou plus.

Sans en arriver jusque-là, il est possible de purifier peu à peu ses émotions et ressentis, jour après jour. Le plus difficile est de ne pas tomber dans l’auto-jugement ou l’auto-critique. Être attentif à nos émotions et pensées du quotidien et saisir celles qui ne sont pas amour pour les transformer permet de changer sa manière de penser petit à petit.

Bien sûr, il faudra des mois voir des années pour y parvenir pleinement, mais chaque pas compte.

Troisième mois

Comme précédemment, il s’agit d’ajouter les concepts de ce mois à ceux des mois précédents. Il y a ainsi de plus en plus d’éléments à prendre en compte ou appliquer dans nos vies.

Les approches de la vie

Ne pas voler (asteya)

Pris de manière basique ce point semble très facile à suivre. En effet, il est rare qu’un pratiquant de yoga soit un voleur. Cependant, ce point, comme les autres, est bien plus large que le simple fait de ne pas voler.

Il englobe le fait de ne pas vouloir les possessions des autres et donc la jalousie. Cela se lie parfaitement au contentement développé pendant l’étape précédente : du on se contente de ce qu’on a, il n’existe aucune raison de convoiter la possession d’un autre.

Il est aussi important de ne pas acquérir de biens dont on n’a pas réellement besoin. Avant tout achat, il est important de se demander si on en a besoin ou si c’est simplement un désir, une envie.

Sortir du dictat du marketing

Notre société moderne est établie sur la consommation, le marketing et les publicités sont généralement conçues pour nous faire acheter sur des impulsions émotionnelles, en réponse à des désirs soudain, et non à de réels besoins.

Pour réussir à tenir ce comportement important dans le Yoga, il est donc nécessaire de se détacher de l’injonction d’achat compulsif imposé par notre société et les égrégores. Ce n’est pas une chose évidente, car nous sommes plongés dans ce milieu depuis notre enfance, c’est souvent devenu une habitude de vie.

S’accorder du temps pour prendre du recul et méditer avant tout achat est important pour se détacher des injonctions et des influences extérieures.

L’austérité (tapas)

Certaines personnes parlent d’ascétisme quand ils se réfèrent à ce point. Il est vrai que l’austérité peut demander une forme d’ascétisme, mais c’est avant tout une approche différente de la vie qui est sous-entendue.

Tapas se réfère au désir brûlant d’obtenir le Yoga, l’unité avec le divin. Il parle aussi d’autodiscipline et de structure interne.

Le principe de base est de placer son désir d’union avec le divin au-dessus de tout. Tous les autres désirs devraient devenir insignifiants comparés à celui-ci. Il devient alors facile de mettre en place la discipline nécessaire pour atteindre l’état d’unité absolue.

La personne qui a atteint ce niveau sera automatiquement une ascète, simplement parce que les autres désirs n’auront plus d’importance. L’erreur souvent commise est d’essayer d’éliminer tous les désirs pour que seul reste celui de s’unifier avec la source. Cela n’a pas vraiment de sens et ne montre en tout cas pas notre attachement au Yoga.

Augmenter sa discipline et sa volonté

Le but premier de ce principe est de nous permettre d’augmenter notre discipline, compétence indispensable à toute réalisation personnelle. Cela se fait en mettant en place des rituels et en s’y tenant quelles que soient les circonstances.

Les personnes qui ont des enfants ou des animaux connaissent l’importance de prendre soin d’eux chaque jour, sans se demander si on en a envie ou pas. C’est généralement beaucoup plus compliqué de le faire pour notre bien-être et notre évolution.

Apprendre à se priver de choses qu’on aime permet d’entraîner sa volonté, comme le sport permet de renforcer ses muscles. Ce n’est pas la privation en soi qui est importante, mais le fait de pouvoir se priver. À un moment ou un autre de notre parcours vers le divin, notre volonté sera mise à rude épreuve. Il est important de l’avoir bien entraînée avant. Sinon, ce serait comme participer à un marathon sans entraînement.

Commencer en douceur

Sauf si vous avez déjà une grande discipline ou une importante volonté, il est conseillé de commencer par de petits éléments, d’y aller tout en douceur.

Quelqu’un qui n’aurait pas fait de sport depuis plus de 10 ans ne va pas commencer par courir 10 km tous les matins. Sinon, il va abandonner le premier jour car il aura beaucoup trop de douleurs.

Quand nous parlons d’exercices spirituel ou de développement mental, nous avons souvent tendance à vouloir en faire trop trop rapidement. Du coup, nous abandonnons après quelques jours car c’est trop difficile. Voici pourquoi il est important de commencer en douceur puis d’augmenter peu à peu la difficulté des éléments que l’on met en place.

Voici quelques exemples par lesquels vous pouvez commencer :

  • Vous lever 30 minutes plutôt chaque matin afin de prendre un moment pour méditer ou d’introspection
  • Prévoir un temps donné chaque jour pour une activité enrichissante précise, par exemple méditer, vous promener en forêt, avancer sur des projets qui vous tiennent à cœur
  • Vous priver une chose que vous avez l’habitude de manger ou boire. Par exemple : du sucre dans la tisane, du café, du chocolat, de l’alcool, des produits laitiers, etc.
  • Ne pas s’engager dans une activité que l’on aime, mais qui n’est pas importante ou idéale pour son évolution ou sa santé : regarder la télévision, se plonger dans les réseaux sociaux, discuter de ragots, trop dormir, se masturber ou faire l’amour à outrance…

L’idéal est de commencer petit, par quelque chose de plutôt facile, puis d’ajouter peu à peu des éléments plus complexes. Il s’agit de voir ce point comme un exercice pour améliorer ses capacités et ne pas mettre la privation comme un fin en soi.

Posture (asana)

Dans le Hatha Yoga, qui met les capacités du corps en avant, les postures sont très importantes et parfois très complexes à tenir. La souplesse, la pureté et la force du corps sont en effet primordiales dans cette approche.

Le Raja Yoga est différent : il de concentre davantage sur la volonté mentale et le détachement spirituel que le corps. C’est une approche plus difficile et directe au niveau spirituel, mais qui demande moins d’effort physique.

Se tenir droit

La principale position trouvée dans le Raja Yoga met en avant le fait de se tenir avec le dos droit. En effet, pour que l’énergie de la Kundalini puisse parfaitement circuler, il est nécessaire que la colonne vertébrale soit parfaitement droite. Si nous nous tenons courbé, cela gênera grandement le passage de l’énergie et notre évolution spirituelle.

Il s’agit donc de trouver une position où notre colonne vertébrale est bien droite, mais sans avoir besoin d’avoir une souplesse avancée. L’important est surtout de pouvoir tenir la position pendant de longues minutes, voir des heures, sans avoir de fortes douleurs qui empêcheraient notre concentration.

En tailleur

La position de base est simplement de se mettre en tailleur avec les jambes croisées et le dos droit. Cette position peut convenir à toutes les personnes un peu souple et qui ont l’habitude de s’asseoir ainsi. Cependant, si vous manquez de souplesse, il vous sera difficile de rester dans cette position pendant longtemps.

Le demi-lotus et le lotus

Mises en avant par certaines formes de yoga ou de méditation, ces positions, demandant beaucoup de souplesse, ne sont pas accessibles à tout le monde.

Elles sont l’avantage de forcer à garder le dos droit, raison pour laquelle elles sont vues comme si importantes dans le déplacement des énergies. Si vous savez tenir ce type de position pendant longtemps, alors elles sont idéales pour les méditations qui seront proposées les prochains mois.

Cependant, si, comme moi, vous n’avez aucune souplesse, il est totalement inutile de vous forcer pour tenir même la position du demi lotus. En Raja Yoga, il vaut mieux placer son énergie sur son évolution spirituelle plutôt que l’acquisition de souplesse physique.

La position égyptienne sur une chaise

Il s’agit certainement de la position la plus simple à adopter et celle qui conviendra au maximum de personnes. Cependant, le piège est arrivé à garder le dos bien droit dans cette position, car on peut vite avoir tendance à recourber les épaules.

Pour tenir cette position, il faut s’asseoir sur une chaise ou un tabouret dans la hauteur permet de poser les pieds sur le sol avec les genoux pliés à 90 degrés. Il ne faut surtout pas s’appuyer sur le dossier, mais se tenir bien droit grâce à ses propres muscles. On peut visualiser et ressentir un fil nous tirer la tête vers le haut afin de se redresser encore plus.

Lorsqu’on a pas l’habitude, cette position peut faire travailler de façon importante les muscles du bas du dos. Il est donc nécessaire de la pratiquer régulièrement pour renforcer cette partie de notre corps et tenir cette position avec facilité.

Sur les genoux

Il est possible de s’installer au sol, les genoux pliés et les pieds sous ses fesses. C’est la position dans laquelle il est le plus facile de conserver le dos bien droit naturellement et la plus efficace pour laisser circuler les énergies.

Cependant, les généralement difficile de rester longtemps dans cette position sans avoir trop mal aux genoux. La plupart des personnes auront trop de douleurs pour réellement pouvoir méditer dans cette position. Si vous êtes assez souple, alors cette position est idéale pour vous, dans le cas contraire, mieux vaut en sélectionner une plus facile à tenir.

La position debout

S’il est potentiellement possible de méditer debout, dans les faits, il est difficile de rester longtemps sans bouger dans cette position. Cependant, savoir tenir une bonne position debout et très utile pour exécuter des respirations ou des exercices courts. Cela permet de les faire à n’importe quel moment de sa journée, sans avoir à penser à s’installer.

Comme dans la position assise, il s’agit de rester bien droit sans s’appuyer sur quoi que ce soit. Vous pouvez ensuite visualiser et ressentir un fil tirer votre tête vers le haut afin de redresser votre colonne vertébrale.

Si vous pouvez rester assis sans souffrir pendant des dizaines de minutes, vous pouvez utiliser cette position pour tous les exercices proposés dans le Raja Yoga.

Approfondir sa respiration

Nous avons l’habitude de faire une respiration très légère et très rapide. C’est une manière de respirer qui entretient notre stress et empêche une bonne oxygénation de notre corps.

Pour se rapprocher du divin, il est nécessaire de ralentir et d’approfondir sa respiration. Les yogi peuvent ainsi respirer seulement deux ou trois fois par minute alors que la plupart des personnes sont entre 12 et 15 respiration par minute, voir même jusqu’à 18. Cela va bien sûr se faire par étape, tranquillement.

Une respiration régulière

La plupart des personnes respirent de manière irrégulière. Leurs inspirations et leurs expirations n’ont jamais la même longueur, ce qui perturbe beaucoup leur système nerveux végétatif.

La première étape consiste ainsi simplement à rendre votre respiration la plus régulière possible au repos. Pour cela, prenez régulièrement le temps d’inspirer sur 5 puis expirer sur 5, vous pouvez par exemple faire de la cohérence cardiaque.

À force de le faire, votre respiration ordinaire commencera à se calmer et se réguler. Vous pourrez alors avoir plus de calme dans votre vie et un meilleur silence mental.

Ralentir et approfondir sa respiration

Une fois que votre respiration sera plus stable, vous pourrez commencer à l’approfondir et la ralentir. Vous pouvez commencer à compter jusqu’à 6, puis 7, etc.

L’idéal serait d’atteindre un rythme de respiration au repos d’environ 4-5 par minutes. Bien sûr, cela se créé dans le temps, la plupart des fois, il est contre productif d’essayer d’aller trop vite.

S’exercer tous les jours

Les comportements se mêlent bien à ceux développés les derniers mois, il s’agit principalement d’une extension, un approfondissement du retour au divin.

La position est à tenir lorsque vous faites les respirations et régulièrement pour renforcer ses muscles. Au début, n’hésitez pas à en essayer plusieurs afin de trouver celle qui vous convient le mieux.

Quand au rythme de la respiration, il de mélange bien à la respiration complète du yogi.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à écrire des commentaires, nous y répondrons avec plaisir.

Amicalement vôtre,

Wanderer