Le Wu Wei : un observateur en mouvement

Dans notre société, l’action, ou plutôt la réaction, est placée au-dessus de tout. Le “faire et (ré)agir” est devenu une nécessité pour réussir sa vie. Même celui qui agit et échoue sera toujours mieux vu que celui qui ne fait rien. Et la procrastination est devenue une maladie honteuse, qu’il faut chasser à tout prix sans en comprendre finalement la cause.

L’être a été perdu au profit d’un contrôle mental pour un bénéfice restreint et souvent tardif (retraite ou salaire mensuel), en oubliant l’essentiel –> Vivre ici et maintenant.

Il y a même tout un courant qui pousse les gens à devenir entrepreneur pour ne plus être esclave d’un patron, sans penser à tout ce que cela implique réellement, aux contraintes et avantages et surtout si ça leur convient vraiment.

Quelque soit le chemin, revenir à cette question essentielle est primordiale : qu’est-ce que je veux vraiment ? Par vraiment, on entend au-delà des besoins de bases (sécurité, prospérité, bonheur, santé, bien-être). Si (ou quand) tous ces besoins sont satisfaits, qu’est-ce qui m’anime vraiment ?

Évoluer, changer, s’améliorer, nettoyer… La vie est un mouvement perpétuel. Même notre économie repose entièrement sur la croissance. Car quand il n’y a plus de mouvement, c’est le déclin, la mort. Et même si cela peut sembler effrayant ou insécurisant, c’est également une étape, comme l’hiver, qui vient à nous pour nous permettre de modifier le chemin suivi en suivant une voie différente.

Une autre voie que l’action

Et s’il existait un autre chemin que l’action à tout prix ? Un chemin qui ne serait pas d’attendre encore quelque chose ou de “procrastiner.

On oppose l’action à l’immobilisme, faire à procrastiner, mais et s’il existait une 3ème voie où la non-action ne signifie pas ne rien faire, bien au contraire ?

Depuis des milliers d’années, les chinois ont compris ce concept, ils l’ont appelé le Wu Wei.

Définition du Wu Wei

Le Wu Wei est donc un concept chinois millénaire qui consiste à s’intégrer au flux de la vie pour matérialiser les intentions profondes qui nous animent, pour que les actions soient évidentes.

L’image la plus parlante est d’imaginer qu’on nage dans une rivière avec un fort courant. Le plus efficace est de nager avec le courant. Dès qu’on essaie d’agir contre le flux du courant, on s’épuise sans obtenir de vrais résultats.

Les nageurs savent bien qu’en suivant le courant tout en restant toujours actif est la meilleure manière d’avancer vers la direction souhaitée. Des arts martiaux comme l’aïkido sont aussi de parfaits exemples de Wu Wei : il s’agit d’accompagner le coup de son adversaire et pas de s’y opposer.

Une autre manière d’être

Les partisans du Wu Wei sont loin d’être inactifs, mais au lieu d’agir contre une situation, ils accompagnent le mouvement naturel de l’univers. La permaculture est un parfait exemple de Wu Wei. Au lieu de contrôler la nature, les agriculteurs suivent les cycles et les interactions naturels afin d’obtenir la meilleure efficacité avec le minimum de contrôle et, en conséquence, de travail.

N’essayant plus de contraindre l’univers à être comme ils croient le vouloir, les adeptes du Wu Wei s’adaptent à ses mouvements naturels et incarnent ainsi la vie qu’ils veulent vraiment. Cela demande, bien évidemment, un grand lâcher prise sur le contrôle ou le résultat. Le Wu Wei nous met alors en lien avec les possibilités infinie de l’univers, ce qui nous permet de créer d’infinis chemines nous amenant vers ce que nous voulons vraiment.

Pour devenir également un adepte du Wu Wei, il est important de prendre conscience de ses attentes ou des domaines que nous avons besoin de contrôler pour nous croire en sécurité.

Cela demande du temps et, même quand nous lâchons prise, le mental remet dès fois en avant certaines choses que nous croyons avoir travailler. Elles sont simplement à un niveau différent de compréhension. Ce qui est intéressant, dans ce genre de cas, c’est la réaction que nous aurons à ce moment-là, nous permettant de voir s’il y a encore des enjeux en nous et nous en détacher ou si nous pouvons tout simplement lâcher-prise sur l’expérience que nous vivons sans créer de tensions internes.

Différence entre l’action et l’activité

Ce que nous nommons action est plus souvent de l’activité. La différence est que l’action sert à avancer, à créer alors que l’activité est là pour remplir le vide et le silence, cacher des douleurs ou des traumas.

La plupart d’entre nous ne supportons pas d’être seul avec nous-mêmes dans le silence. Nous préférons remplir nos vies d’activités, de bruits, d’images, d’histoires, d’émotions… Basées générales sur les injonctions ou les croyances, ces activités du faire véhiculent des attachements ou des sentiments de mal-être.

Nous utilisons souvent l’activité pour remplir nos vies, en nous faisant croire qu’il est nécessaire d’agir pour avancer et réussir. Mais, nous finissons épuisés mentalement, éloignés de qui nous sommes vraiment.

Différentier l’action de l’activité

Comment savoir si ce que nous envisageons est une action et donc positive ou une activité qui va entretenir notre mental sans réel bénéfice ?

La méthode la plus simple est de prendre un moment pour déterminer si cette chose à faire nous rapproche de ce que nous voulons vraiment vivre (ici et maintenant) ou non. Si la réponse est oui, alors il s’agit probablement d’une action. Sinon, c’est plutôt une activité, basée sur les injonctions et les croyances que nous avons intégrés enfant.

Par exemple, si ce que je veux est vivre tranquillement et recevoir mon salaire à la fin du mois, travailler 8h par jour est sans doute une action. Si je n’ai pas besoin de tout cet argent et que ce que je veux vraiment c’est évoluer spirituellement, alors il s’agit surtout d’activité qui m’empêche d’avancer dans ma direction.

Être un observateur en mouvement

La plupart des sagesses anciennes et modernes parlent de l’importance d’être un observateur en Conscience. De se désidentifier du petit humain (mental, ego et émotionnel règnent en maître au lieu d’être nos alliés) pour simplement évoluer (devenir l’observateur) dans les différents événements de sa vie sans les prendre personnellement.

Si beaucoup de ces approches sont avant tout contemplatives, plusieurs sages, dont Sri Aurobindo, parlent du fait de l’importance d’être un observateur en mouvement. Ce concept n’est pas facile à concevoir tant nous avons pris l’habitude d’agir en nous reposant sur les jugements de notre ego et notre mental.

Pour la plupart des personnes avançant sur leur chemin spirituel, le concept de l’observateur est bien connu. Cependant, elles ont souvent un état double : observateur contemplatif ou ego acteur. Si la méditation permet de sortir de l’ego et du drama, on y retourne souvent dès que nous devons passer à l’action.

Savoir rester dans cet état d’observateur tout en agissant selon les mouvements de la vie est un des grands secrets d’une spiritualité incarnée et heureuse.

Faire de son mieux

La notion de Wu Wei accompagne bien le 4ème accord Toltèques qui consiste à faire de son mieux. Cet accord nous place en face de notre responsabilité et pas des événements extérieurs : si je fais du mieux que je peux ici et maintenant, je peux lâcher prise sur le résultat, car tout ira de tout de façon bien.

Faire de son mieux va nous permettre de, peu à peu, lâcher prise sur le résultat et aller tranquillement vers le Wu Wei.

En devenant adepte du Wu Wei, en suivant son cœur et en faisant de son mieux, on s’aligne avec nous-même, notre centre. L’avis des autres à ce moment-là ne nous touche plus personnellement mais nous permet de comprendre ce qui se joue encore en nous inconsciemment.

L’énergie en premier

Quand nous ne prenons pas le temps de créer notre projet, notre matérialisation en nous, nous devons constamment lutter et nous nous nous réagissons de plus en plus sans arriver à mener à bien ce que nous souhaitons.

Tout ce qui se matérialise dans la matière a d’abord existé dans l’énergie. Il est donc primordial de créer dans l’énergie puis d’agir dans la matière. Une fois que les éléments existent dans notre champ quantique, les actions viendront à nous tout naturellement. Cela permet de lâcher prise. Il n’y a plus besoin de chercher les actions à entreprendre pour obtenir quelque chose, c’est déjà là. Du coup, les actions découlent de plus en plus naturellement.

C’est sur ce principe que repose les lois de matérialisation et d’attraction. Je pose mon intention, je la visualise puis je l’incarne dans le présent. Comme il n’y a pas de doutes sur le résultat ou la manière dont cela se produira, je peux lâcher prise des attentes et des objectifs. Même les obstacles deviennent des expériences m’amenant vers mon intention.

Suivre son intuition

Être dans le Wu Wei permet de suivre son intuition quant aux actions à entreprendre au lieu d’écouter son ego et son mental par rapport aux activités à accomplir.

Quand on est dans la foi et le lâcher prise, on peut agir en fonction de notre ressenti et non pas de ce qu’il faut faire (croyances et injonctions). C’est l’essence du Wu Wei.

Comment vivre dans le Wu Wei

Le concept même de Wu Wei est à l’opposé du fait de mettre en place un protocole précis et des actions pour aller dans le Wu Wei.

On peut cependant être dans un certain état d’esprit pour vivre plus facilement dans le Wu Wei :

  • Accepter que l’on ne vit qu’ici et maintenant
  • Prendre du recul et observer les situations en meta position. C’est à dire comme un observateur. Cela permet de ne pas entrer dans l’émotionnel et d’éviter des enjeux
  • Déterminer ce que l’on veut vraiment expérimenter au delà des objets matériels (je veux une maison, qu’est-ce que je veux ressentir en ayant une maison ?)
  • Se sentir ici et maintenant comme si on vivait ce qu’on veut vraiment (la paix, la joie, la gratitude, etc.)
  • Sortir des enjeux, rien n’est grave ou important
  • Méditer régulièrement jusqu’à atteindre l’état de l’observateur, puis retourner dans sa vie courante en gardant cet état le plus longtemps possible
  • S’observer en meta position le plus souvent possible, surtout lorsqu’on est stressé
  • Toujours faire de son mieux et si besoin s’améliorer de fois en fois
  • Prendre les échecs comme des expériences nous rapprochant de la réussite
  • Poser le plus possible des actions nous amenant vers ce qu’on veut vraiment, éviter les autres activités
  • Écouter son intuition le plus souvent possible

Voilà un certain nombre d’éléments à mettre en place pour se rapprocher du Wu Wei. Ils ne sont bien sûr pas tous à suivre et la liste est loin d’être exhaustive.

Faites confiance à votre intuition !

Si vous avez d’autres moyens d’atteindre le Wu Wei, n’hésitez pas à nous les donner en commentaire 🙂

Amicalement vôtre,

Wanderer & Bhân

3 Thoughts on “Le Wu Wei : un observateur en mouvement

  1. Génial, je ne connaissais pas le Wu Wei, mais je connaissais le concept. On le retrouve dans dans toutes le philosophies orientales.
    Merci pour cette découverte! Bravo pour l’article.

  2. Bonjour et merci. J’ai l’impression que cette philosophie de vie en rejoint une autre, celle d’Epicure qui est très loin de ce qu’on en imagine aujourd’hui.

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